C’était en juillet 1974, deux mois après le 16ème anniversaire de Frédéric, que sa mère Louise proposait spontanément de faire un voyage à Paris. Elle aimait voyager et ne n’était pas la première fois qu’elle y allait. Quand elle était jeune, elle allait souvent à Barcelone et en 1969 elle fit un voyage avec son fils à Amsterdam.
Cette fois-ci, Louise voulait partir pour voir les fêtes du 14 juillet, car ça tombait sur un dimanche. Ayant reçu pour son anniversaire une caméra, Frédéric voulait l’emmener pour garder ce voyage sous forme de photographies. Sur l’une d’elles, on peut retracer le chemin qu’ils avaient fit sur les Champs-Elysées. Au fond, l’arc de triomphe et une masse de voitures sont visibles. Sur les côtés on aperçoit les drapeaux tricolores. Il faisait chaud, mais pas trop. Paul, le père de Frédéric, portait des pantalons longs, comme on peut le voir sur une photo prise dans un parc. Involontairement, Paul y pose à côté d’un lion en pierre. Paul se cache dans l’ombre des arbres pendant que Frédéric, de l’autre côté de la rue, le prend en photo. Il fit peu de photos de son père qui ne les aimait pas. Sa mère en revanche, lui demanda plusieurs fois de la prendre en photo, ce qu’il fit avec plaisir. Elle y pose dans une jolie robe bleue devant un carrefour ordinaire. En arrière-plan, on aperçoit la publicité pour Giscard d’Estaing, des motos et la vie animée dans les rues de Paris. Toutes ces petites choses, comme ce carrefour parisien, les excitait, Paris les émerveillait à chaque regard. Nulle part ailleurs Frédéric n’avait vu une telle architecture. Tout lui semblait impressionnant : Les bâtiments historiques comme modernes, presque futuristes. C’est pourquoi il gardait même les photos floues de Paris : Car elles montraient l’extraordinaire, la modernité frappante de Paris. Ils ne visitèrent pas la tour Eiffel. Cet endroit leur était trop touristique et on ne la voit donc sur aucune des photos de Frédéric. Ils passèrent de nombreux monuments et sites historiques, parmi eux un que Frédéric photographia beaucoup : Le Grand Palais. Ce mélange entre style classicisme et modernité avec le toit en verre le fascinait tant, qu’il en existe encore aujourd’hui des photos pas tout à fait réussites, qu’il ne voulait pas jeter malgré leur qualité. Ils visitèrent également des expositions, mais comme la photographie était interdite à l’intérieur des musées, et comme, après tout, la lumière n’y était pas suffisante, il n’en existe aucune dans l’album photo. Nonobstant, on peut reconstruire leur séjour et les activités faites à partir des billets d’entrée attachés dans l’album.
L’atmosphère à Paris avait quelque chose de particulier et Frédéric ne savait pas s’il l’aimait ou le méprisait. Jamais il n’avait vu d’aussi grands boulevards, jamais n’avait-il vu une telle foule. Partout où on allait, on voyait du monde, des gens si différents. Une fois les photos développées, il les montrait à ses potes, qui écoutaient ses histoires et regardaient ses photos, les photos colorées, rosâtres. Ses camarades s’étaient attendus à une représentation banale de Paris : La tour Eiffel, la cathédrale de Sacré-Coeur, des artistes dans les rues. Mais de ce que leur ami leur montra quand il sortit l’enveloppe de son cartable, ils furent déçus. Les photos de Frédéric montraient un Paris tel qu’ils ne l’avaient jamais vu. On n’y voyait que des façades ordinaires, que le Grand Palais de différents angles, que des lampadaires étant plus présents sur la photo que l’arc de triomphe en arrière-plan, qu’une petite partie de la tour St. Jacques à côté d’un arbre, aucun des deux n’étant droit sur la photo. Mais cela les dérangeait peu en comparaison avec ce que Frédéric raconta de l’atmosphère, du bruit, de l’odeur, de la température, de l’excès et de l’immensité.
Teil des atelier d’écritures zum Thema Fotografie.
Schreibe einen Kommentar